De la souveraineté de l’entreprise

La crise de la COVID 19 a cruellement fait apparaître les lacunes béantes de notre « souveraineté sanitaire » c’est-à-dire de la capacité de notre pays à disposer sans délais des outils nécessaires pour faire face à la pandémie : respirateurs, masques, principes médicamenteux, dont les fournisseurs, étrangers étaient à l’arrêt pour cause de confinement, tout comme les circuits commerciaux internationaux. Et chacun de disserter sur la nécessité vitale, pour le pays de recouvrer sa « souveraineté » en la matière.

Qu’en est-il pour l’entreprise ? Est-elle toujours maîtresse de son destin et de son autonomie de décision, quelques soient les circonstances, fussent-elles les plus dramatiques, les plus extrêmes, les plus improbables ?

Dans l’alchimie des relations entre les « parties prenantes » de l’entreprise, son marché, ses produits, ses clients, ses fournisseurs, ses financeurs, son personnel, sa direction, ses propriétaires, son environnement sociétal, rechercher à construire – ou à reconquérir – une indépendance opérationnelle doit faire l’objet, de la part des dirigeants d’une réflexion stratégique permanente :

  • Mon capital est-il stable à long terme, ou volatil et vulnérables ?
  • Mes collaborateurs, de tout niveaux, sont-ils attachés à l’entreprise, à son histoire, à sa culture, ou ne sont-ils que des mercenaires ?
  • Mes clients sont-ils fidèles aux produits que je leur offre, ou sont-ils des papillons zappeurs, et si oui pourquoi ?
  • Que mijotent, préparent et manigancent mes concurrents, où qu’ils se trouvent dans le vaste monde ?
  • Mes banquiers et mes créanciers, comme mes débiteurs, sont-ils des partenaires de confiance ?
  • La société qui m’entoure m’accorde-t-elle une image positive pour l’apport de mes produits, de mes process, de mes relations sociales, de mes impacts environnementaux ?

L’autonomie de décision de l’entreprise, et de l’entrepreneur, s’inscrit pleinement dans la démarche classique du décideur : quelles sont mes volontés ? Quelles sont les opportunités et les menaces de l’environnement ? Quelles sont les forces et les faiblesses de l’entreprise ?

La crise sanitaire, puis économique et sociale que nous traversons amenant la question de la souveraineté de l’entreprise, dans la tourmente, sur le dessus de la pile des préoccupations.

Il ne s’agit pas, bien sûr, de vivre en autarcie, mais de répartir les risques et les dépendances pour en diluer les effets, tant en interne qu’en externe : les outils s’appellent « dialogue social dans l’entreprise », « plan de continuation d’activité » tenu à jour, diversification des fournisseurs, des clients, des financeurs… sans porter atteinte à l’autonomie et à la responsabilité du décideur.

« Lorsque vous avez un missile aux fesses, vous avez quelques secondes pour réagir. Ce n’est pas le moment de réunir le comité d’entreprise »Vice-amiral Loïc Finaz, Directeur de l’Ecole de Guerre (in Le Point 28 mai 2020. Page 113).

Francis Babé, DES Sciences Economiques, Sciences Politiques, IHEDN, CPA. Cadre dirigeant, en retraite, d’Organisations Syndicales et Professionnelles (Nord-Pas-de-Calais – Paris), Administrateur de PME.

 

 

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