Capital immatériel : nouvel enjeu de la maîtrise des risques
L’approche par le capital immatériel est utilisée habituellement pour réaliser la mesure extra-financière des actifs de l’entreprise ou l’évaluation financière du capital immatériel avec pour objectif de définir le potentiel de création de valeur d’une organisation.
Il est, en principe, classé de la manière suivante :
Il représente en moyenne 60 % de la valeur des entreprises. Si les grandes entreprises et en particulier les entreprises cotées suivent l’évolution de la valeur de leurs actifs immatériels, il est beaucoup plus rare que les PME/PMI et petites ETI l’intègrent dans leurs analyses d’activité, les pilotent et mettent en œuvre des actions pour le valoriser, ou même cherchent à l’évaluer.
Or, Il traduit la confiance des parties prenantes dans l’entreprise, sa gouvernance, au-delà de sa capacité à atteindre ses objectifs financiers et de la qualité de ses actifs matériels. Il donne un éclairage pertinent sur la mission de l’entreprise, sa raison d’être et ses valeurs.
Il se situe donc au cœur de la stratégie de l’entreprise et peut être approché à la fois comme objet de risques et comme levier du développement de la maturité RSE de l’entreprise. Il est donc pertinent, simultanément de :
- Cartographier le capital immatériel pour en mesurer la robustesse par l’analyse des risques en évaluant la vulnérabilité de ses éléments constitutifs et de ses impacts pour anticiper les effets dominos dans un second temps. Ainsi est-il possible par exemple, de relier développement du capital humain, vulnérabilité des systèmes d’information, perte d’image et impacts sur le capital clients.
- Mesurer les impacts des actions RSE sur le capital immatériel.
Les actions menées pour développer le capital humain, notamment dans le cadre du développement des compétences, de la santé sécurité des collaborateurs vont avoir un impact positif sur les risques, notamment accidents du travail, risque pénal du dirigeant, mais aussi sur la motivation du personnel et la qualité du travail et donc de la satisfaction des clients.
Ainsi, en décloisonnant Excellence Opérationnelle/ maîtrise des processus, management par les risques et politique RSE autour du capital immatériel intégré dans cette double dimension objet de risque et Responsabilité, se crée alors une dynamique favorable autour de 5 leviers essentiels à la Performance Globale de l’entreprise : innovation, différenciation, image et réputation, réduction des risques et maîtrise coûts qualité délais.
La crise sanitaire du COVID 19 met en perspective une crise économique qui impose, responsabilité, résilience, redémarrage. La résilience ne se décrète pas mais se construit.
Cette démarche est sans doute le préalable pour affronter les difficultés qui sont à nos portes mais aussi la condition pour repenser le projet de transformation et de relance de l’entreprise autour de la transition énergétique, de la transition numérique, de la transition vers une économie circulaire, et l’implication dans la transition territoriale tant l’ancrage sur le territoire est fondamental.
L’entreprise devra être accompagnée, soutenue dans sa trajectoire de résilience au service de la Performance Globale. C’est aussi un enjeu majeur pour l’assureur qui doit prendre en compte ces nouvelles dimensions de la gouvernance des risques et trouver des solutions pour aider l’entreprise à reconstituer son capital immatériel lorsqu’il est face à des risques dont il doit transférer le financement.
Louis-Remy PINAULT, Expert Développement Stratégique chez GENERALI, Président du Club 22301 management de la continuité d’activité ; Secrétaire d’ALTERS, Association en faveur de la résilience des territoires et des entreprises solidaires. Membre du comité scientifique de Place ESCANGE